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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

SYSTÈME HIÉRARCHIQUE

La première organisation du clergé tibétain date du roi Thisrong de Tsan (728-786 av. J.-C.) de qui le Bodhimör dit : « Il donna au clergé une solide constitution et le divisa en classes »[1] ; mais le développement du système hiérarchique actuel, qui était indépendant de ces anciennes institutions, commence au quinzième siècle. En 1417, le fameux Lama Tsonkhapa fonde le monastère de Galdan à Lhássa, et en devient le supérieur ; la grande autorité et la réputation dont il a joui se sont reportées sur ses successeurs au siège abbatial de ce monastère, qui tous, jusqu’à présent, ont eu une réputation de sainteté particulière. Bientôt l’influence de ces abbés fut dépassée par celle du Dalaï Lama de Lhássa[2] (actuellement le plus éminent du clergé tibétain), et du Panchen Rinpoche de Tashilhounpo[3], qui tous deux sont considérés comme d’origine divine, et par conséquent plus près des dieux que des simples mortels. Cette origine prétendue divine leur donne un caractère totalement différent de celui du pape de l’Église catholique romaine ; mais, d’un autre côté, aucun d’eux n’a une suprématie reconnue aussi étendue que celle du pape de Rome.

Le Dalaï Lama est considéré comme une incarnation du Dhyani Bodhisattva Chenresi, qui se réincorpore par un rayon de lumière émanant de son corps et pénétrant l’individu qu’il a choisi pour sa nouvelle existence[4]. Le Panchen Rinpoche est considéré comme une incarnation du père céleste de Chenresi, Amitabha[5]. Une histoire rapporte que Tsonkhapa lui-même avait ordonné à ses deux principaux disciples de prendre la forme humaine, dans

  1. Voyez Schmidt, Ssanang Ssetseu, p. 356 ; Comparez p. 43.
  2. Dalaï Lama est le titre que lui donnent les Mongols. Dalaï est un mot mongol qui signifie océan. Lama, ou plus correctement ḅlama, est le terme tibétain pour supérieur. Schott, Ueber den Buddhaismus in hoch Asien, p. 32. Les Européens ont connu ce terme par les ouvrages de Georgi, Pallas et Klaproth.
  3. Tashilhounpo, ou en reproduction exacte Ḅkhra-shis-lhoun-po, est la cité voisine des principaux établissements ecclésiastiques, environ à un mille au sud-est de Digarchi ; le (endroit) à quatre maisons en tibétain bzhi-ka-ṛtse, en Névarikha-chhen, capitale ce la province de Tsang, du Tibet chinois ; voyez la carte de Turner, Embassy ; Hooker, Himalayan Journals, vol. II, pp. 125, 171 ; Hodgson, Aborigenes of the Nilgiris. Journal As. Soc. Beng., vol. XXV, p. 504.
  4. Description du Tibet, Nouveau Journ. Asiatique, 1830, p. 239 ; comparez page 56.
  5. Voyez le dogme des Dhyani bouddhas et boddhisattvas, page 34.