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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

avec un tube de bois (appelé en tibétain Gourgour), comme on fait pour le chocolat ; on ajoute alors une bonne quantité de beurre clarifié (ordinairement le double de la quantité du thé on brique) et un peu de sel ; puis on continue à agiter. Finalement on remet le thé sur le feu, après l’avoir mélangé avec du lait, car il s’est beaucoup refroidi dans les opérations que je viens de décrire. Ce thé appelé « Cha » ressemble beaucoup à une sorte de gruau, et se mange avec de la viande ou des pâtisseries, à dîner ou à souper ; mais il est défendu pendant les cérémonies religieuses, et alors l’infusion de thé seule, Chachosh, est passée à la ronde comme rafraîchissement[1].

À certaines occasions les Lamas donnent de grands dîners. À Leh, mon frère Robert fut invité à un de ces dîners donné en l’honneur d’un haut Lama de Lhâssa. Le thé fut servi en guise de soupe et passé à la ronde tout le temps du repas. En marque d’honneur particulier pour les hôtes, leurs coupes ne restaient jamais entièrement vides. Il y avait plusieurs sortes de viandes, les unes rôties, les autres bouillies, et une sorte de pâté. On ne servit point de vins. La cuisine était réellement supérieure à celle que l’on fait ordinairement en ce pays et bien meilleure qu’on ne pouvait s’y attendre. Robert apprit que le dîner avait été préparé par le propre cuisinier du grand prêtre, venu de Lhássa avec lui.

COSTUME

Les règlements primitifs établis par Sâkyamouni pour régler l’habillement des prêtres étaient adaptés au climat chaud de l’Inde ; plus tard, quand sa doctrine s’étendit plus au nord et par conséquent dans des climats plus rudes, il permit lui-même l’usage de vêtements plus chauds, des bas, des souliers, etc. Sâkyamouni enseigne que le principal but du vêtement est de couvrir la pudeur du prêtre ; en outre il sert encore à préserver du froid, des attaques des moustiques, etc., toutes choses qui troublent l’esprit[2].

Les différentes parties de l’habillement d’un Lama tibétain sont : un bonnet

  1. Jusqu’à présent la brique de thé s’emploie presque exclusivement, quoiqu’il soit à espérer que les efforts du gouvernement de l’Inde pour introduire au Tibet le thé de l’Himalaya et de l’Assam, réussiront avant qu’il soit longtemps.
  2. Hardy, Eastern Monachism, chap. XII.