Page:Schlagintweit - Le Bouddhisme au Tibet.djvu/219

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
119
LE BOUDDHISME AU TIBET

g̣sang g̣soum), ce qui doit probablement se rapporter au livre Gyatoki sangsoum, que Jamya Namgyal fit copier en lettres d’or, d’argent et de cuivre (rouge).

On rapporte aussi que sous le règne de ce monarque plusieurs puissants lamas très savants sont venus à Ladak et y ont enseigné la doctrine ; nous trouvons les noms suivants :

« ḍPal-ṃNyam-med-’broug-pa, le maître d’incomparable bonheur, le tonnerre, qui a répandu avec la plus grande énergie la doctrine bouddhique dans tout Dzam-bou-g̣ling[1], mais plus particulièrement dans ce pays.

ṛGod-ts’hang-pa[2], dont les titres sont : le victorieux tenant le Dordje, le fils bien-aimé du maître des créatures[3].

ṣTag-ts’hang-ras-pa-chhen, le grand Bhikshou du repaire du tigre, le grandement vénéré, qui dispose du pouvoir magique, et devant qui beaucoup de lamas se sont prosternés[4].

§ II. — La construction du couvent fut confiée à ḍPal-ḷdan-ṛtsa-vai-ḅla-ma, l’illustre Lama de fondation, qui avait vécu dans beaucoup de monastères et était devenu ferme et fort dans les dix commandements[5]. L’édifice fut commencé dans le mois Voda, en sanscrit Outtaraphalguni (le second mois), dans l’année eau-cheval mâle, et fini dans l’année eau-tigre mâle, époque où le Lama accomplit la cérémonie du consécration, le signe de l’achèvement. Dans l’année fer-chien mâle, le monastère fut entouré d’une « haie de spen et en dehors des murs et de la clôture furent élevés 300,000 manis (ou cylindres à prières). » Le document termine par une allusion aux mérites que le roi, les ouvriers (c’est-à-dire les maçons, charpentiers, porteurs) et en un mot tous ceux qui ont travaillé à la cons-

  1. En sanscrit Jambou-dvipa ; c’est le nom donné à la partie du globe où se trouve l’Inde. Au sujet de la secte brougpa, voyez page 47.
  2. La construction de ce nom fait supposer que ce Lama venait du monastère God-tsang dans le Tibet oriental ; on aurait ajouté à ce nom la particule pa.
  3. En tibétain ’gro-va’i-ṃgon-po, de ’gro-va « créature » et ṃgon-po, « maître, patron », titre qui indique que la personne est qualifiée « saint, dieu ». Peut-être devons-nous prendre ṛGod-ts’hang-pa comme une incarnation de Chenresi (voyez page 56), et grovai-gonpo comme un de ses surnoms ; il est aussi qualifié Jigten gonpo, en sanscrit Loka-natha, « le patron du monde ».
  4. Cunningham, loc. cit., a entendu dire que ce Lama a voyagé dans l’Inde, la Chine, le Kafiristan et Kashmir, et a fait et consacré une image de Maitreya à Tamosgang, Ladak.
  5. Pour la signification du terme ṛtsa-va’i-ḅla-ma, voyez page 99. Sur les dix commandements, voyez Burnouf le Lotus p. 446. Csoma, Dictionary, p. 69.