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LE BOUDDHISME AU TIBET

veux ; il est orné de plusieurs galons d’or. Ils sont assis sur des fleurs de lotus, mais il ne leur est pas accordé de tronc ; dans les images où les figures sont représentées droites, le pédicule du lotus sort de l’eau. Plusieurs segments de cercle commençant aux pieds et se joignant à la gloire, servent de cadres à ces peintures. Les Bōdhisattvas ne sont jamais représentés avec le grand châle sacré, Lagoï ; leur vêtement est une sorte de jupe attachée autour des jambes à la manière des Hindous modernes. Une large pièce d’étoffe est roulée autour de la taille, un des bouts est passé sous la jambe, relevé et attaché à la ceinture. Cette manière de couvrir les parties secrètes est très ancienne, car nous la trouvons dans beaucoup de figures antiques[1] ; il est à remarquer aussi quelles insignifiantes modifications ont subi en Asie le vêtement et les costumes, tandis que dans un espace de dix siècles l’Europe a fait l’expérience de tant de changements. Un grand châle, les coins flottants, tombe des épaules. Le cou, les oreilles et les pieds sont ornés de colliers, d’anneaux et de bracelets.

Les Bōdhisattvas tiennent dans leurs mains des objets rappelant leurs fonctions si fréquemment décrites dans les légendes. Ainsi Mandjousri, le dieu de la sagesse, tient un livre et un glaive, symboles de son pouvoir de dissiper les ténèbres de l’esprit. La fleur de Lotus (Padma) que tient Padmapani rappelle qu’il est né de cette fleur. On voit souvent dans leurs mains un objet singulier, un lacet, en tibétain Zhagpa, avec lequel, dans un sens figuré, ils attrapent les hommes pour leur distribuer la divine sagesse. Une intéressante explication de ce symbole se trouve dans le Nippon Pantheon[2], à propos d’une image de Padmapani :

« Il répand sur l’Océan de naissances et de déclin la fleur de Lotus de l’excellente loi, comme un appât ; avec le filet de la dévotion, qu’il ne jette jamais en vain, il saisit les hommes comme des poissons et les porte de l’autre côté de la rivière où est la véritable intelligence. »

PRÊTRES ANCIENS ET MODERNES

Les disciples de Sākyamouni et les prêtres indiens défunts sont toujours représentés tête nue et les cheveux coupés courts ; l’attribut caractéristique

  1. Voyez Cunningham, The Bhilsa Topes, planche XII.
  2. Nippon Pantheon, fig. 6.