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LE BOUDDHISME AU TIBET

Outre ces cylindres à prières de dimensions ordinaires, il y en a de très grands fixés en permanence près des monastères. Un homme les tient continuellement en mouvement, ou bien quelquefois ils sont mus par l’eau, comme les moulins, et tournent jour et nuit. Nombre d’autres plus petits sont placés à l’entrée des couvents, le long des murs et sont tournés par les passants ou par ceux qui entrent dans le temple. Ils sont généralement si près les uns des autres qu’un passant peut facilement les faire tous tourner l’un après l’autre, sans interruption en les effleurant de la main. Le nombre des cylindres à prières élevés dans un seul monastère est réellement étonnant ; ainsi l’inscription relative à la fondation du monastère de Himis à Ladak (voyez page 119) établit que 300,000 cylindres à prières ont été placés le long des murs du monastère. Bien que ce soit une exagération à la manière orientale, la quantité actuelle en est réellement très considérable.

On considère que chaque révolution du cylindre équivaut à la lecture de toutes les sentences et traités sacrés qui y sont renfermés, pourvu que le mouvement imprimé au cylindre soit lent et de droite à gauche ; l’effet dépend de la stricte observation de ces règles. Le mouvement doit être lent, parce que ceux qui tournent les cylindres doivent le faire avec un esprit plein de foi, de calme et de méditation. Le mouvement doit se faire de droite à gauche, afin de suivre l’écriture qui court de gauche à droite. Quelques grands cylindres à prières sont construits de façon que le tintement d’une cloche marque chaque révolution.

En général la prière inscrite est simplement, Om mani padme houm, répétée aussi souvent que l’espace le permet. Les papiers roulés dans les grands cylindres sont cependant d’ordinaire couverts de préceptes des livres sacrés[1].

Les Lamas ont des livres particuliers qui dénombrent les avantages résultant de la révolution de ces cylindres ; je citerai spécialement le Khorloï-phan yon, « l’avantage de la roue », qui traite aussi des prières et des livres qu’on doit y placer, et de la manière de tourner ces cylindres.

Les cylindres à prières furent presque les premiers objets que les missionnaires firent connaître en Europe.

En ce qui concerne les drames religieux et le rituel à observer dans cer-

  1. Comparez, p. 76.