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LE BOUDDHISME AU TIBET

tre ; le mot ṃkhro est une abréviation de Khado, qui s’écrit ṃḳha-’gro, et qui signifie littéralement « qui promène dans l’air ». Les Dakinis sont des esprits féminins en nombre incommensurable qui témoignent une grande bonté pour les hommes. Elles sont invoquées, dans un traité traduit par Schmidt, avec des épithètes de sainteté comme par exemple Sarva Bouddha Dakini, et leur chef porte le nom de Bogda Dakini ; Bogda signifie « nature divine ». Cette Dakini suprême est aussi la compagne ou Sakti de Vadjradhara et jouit de pouvoirs aussi grands que son époux[1].

2. Holocauste

Par l’holocauste (en tibétain Chinsreg ou Sregpa[2], en sanscrit Hôma), le suppliant espère obtenir le bonheur, l’opulence et le pouvoir, se purifier de ses péchés et se garantir contre « la mort prématurée » et les maux qui s’ensuivent. Cette cérémonie consiste à faire brûler du bois de tamarin, Ombou, et du coton avec des charbons et de l’huile parfumée dans une sorte de fourneau, Thabkoung[3], fait d’argile et de briques. La forme et la couleur du fourneau dépendent du but pour lequel on l’emploie ; tantôt il est carré, tantôt semi-circulaire, ou circulaire ou triangulaire. Ces fourneaux ont environ un pied de haut et deux de large ; les côtés en sont droits et le fond formé d’une plaque d’argile cuite, qui dépasse les côtés d’environ deux pouces ; sur le bord qui dépasse sont dessinés des demi-dordjes[4] ; au centre de la plaque est gravé un signe mystique qui symbolise la terre, le feu, l’eau ou l’air, suivant la forme du fourneau.

Les offrandes doivent être brûlées par un Lama revêtu d’une grande robe de la couleur du fourneau et brochée de nombreux symboles de l’élément gravé sur la plaque de fond. Il dispose sur une table latérale, avec des prières qui commencent par le nom de l’élément, les offrandes qui doivent être consumées ; il les met dans le fourneau par petites quantités à la fois, afin que la combustion se fasse lentement. Il entretient le feu en versant de l’huile par-

  1. Schmidt, Geschichte Ssanang Ssetsen’s, pp. 468-475-481. Sur Vajradhara, voyez page 34.
  2. ṣByin (chin), « aumônes » ; ṣreg-pa, « détruire par le feu ».
  3. Thah, « place pour le feu » ; khung, « trou ». Dans le Tantra Sabaha-pariprichcha, Vassiljew Der Buddhismus (p. 212) 10,000 grains de froment, sésame, moutarde, Lotus, etc., sont désignés parmi les offrandes qui doivent être brûlées.
  4. Voyez p. 139.