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ANNALES DU MUSÉE GUIMET

s’entourèrent de partisans plus ou moins nombreux ; ceux-ci par degrés formèrent des écoles, qui peu à peu devinrent des sectes. Le déplacement de son berceau primitif exerça aussi une influence considérable ; la différence qui existe entre une région tropicale et une contrée froide et déserte, entre le tempérament physique des races aryennes et touraniennes devait être adoucie, et, en partie du moins, effacée par l’influence du temps.

L’objet de cet ouvrage est la description du bouddhisme tel que nous le trouvons maintenant au Tibet, après plus de douze siècles d’existence dans cette contrée.

Les renseignements obtenus par mes frères Hermann, Adolphe et Robert de Schlagintweit pendant la mission scientifique entreprise de 1854 à 58, qui leur donna l’occasion de visiter diverses parties du Tibet et des contrées bouddhistes de l’Himalaya, ont été les principales sources où j’ai puisé mes remarques et mes descriptions. Les récits des précédents voyageurs ont aussi été consultés et comparés avec les matériaux que j’ai reçus de mes frères. Les recherches des philologues orientaux et des éminents écrivains qui se sont livrés à l’étude des doctrines bouddhiques, parmi lesquels Hodgson et Burnouf ont avec tant de succès ouvert les voies à l’analyse des œuvres originales, n’ont pas été moins importantes pour mon sujet en nous mettant à même de juger des lois fondamentales du bouddhisme et de leurs modifications subséquentes.

Je dois à mon frère Hermann la plus grande partie des sujets traités dans cet ouvrage et la plupart des remarques explicatives recueillies sur les lieux. Il s’était acquis à Sikkim les services de Ghibou Lama, Lepcha très intelligent, alors agent politique du Raja de Sikkim à Darjiling. Grâce à ce personnage, il put obtenir nombre d’objets venant de Lhassa, centre de la foi bouddhique au Tibet. M. Hodgson et le docteur Campbell, en outre de beaucoup de renseignements de haute valeur, eurent la bonté de lui donner divers objets intéressants pour son sujet. Dans le Tibet occidental, ce fut surtout au monastère de Himis et à Loh, capitale de Ladak, que les désirs d’Hermann furent le plus promptement accomplis. À Gnary Khorsoum, Adolphe, qui était alors accompagné de Robert, réussit même à persuader au Lama de Gyoungoul et de Mangnang de lui vendre des objets qu’il avait vus traiter avec le plus grand respect et la plus grande vénération.