Page:Schlegel - Œuvres écrites en français, t. 1, éd. Böcking, 1846.djvu/233

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aient raison ; mais il est très-possible, et même probable, que tous aient tort.

40.

Les haines sont, en général, plus violentes de secte à secte que de religion à religion. Les Judéens abhorraient les Samaritains ; cependant ceux-ci observaient la loi de Moïse à leur manière, et les Grecs et les Romains qui vivaient en Palestine, n’auront peut-être aperçu aucune différence entre les uns et les autres, si ce n’est que les Samaritains n’allaient pas en pèlerinage à Jérusalem pour les grandes fêtes. Les catholiques n’ont pu être plus acharnés contre les ariens, que les shiites le furent contre les sounites.

Si cette observation ne se vérifie plus aujourd’hui dans les pays de l’Europe où plusieurs sectes chrétiennes vivent ensemble, faut-il l’attribuer aux progrès de la raison ? Eh non ! C’est que le zèle a diminué, au point de faire souvent place à une complète indifférence.

41.

Il faut renoncer à la critique historique, ou à la foi chrétienne : décidez-vous. Mais s’il vous suffit de combiner une vaine apparence de critique avec une vaine apparence de foi, cela se peut à la rigueur. C’est la méthode de nos théologiens rationalistes.

42.

Un langage suranné sied bien aux livres sacrés et aux législations religieuses, quand même il en résulterait quelque obscurité. Cet air de vétusté augmente la vénéra-