Page:Schlegel - Œuvres écrites en français, t. 1, éd. Böcking, 1846.djvu/235

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a point de Spartiate parmi vos auditeurs, ni d’Athénien non plus.

45.

Les sacrements administrés aux agonisants, sont comme l’obole que les Grecs mettaient dans la bouche de leurs morts, afin qu’ils pussent payer le péage de Caron.

46.

Ordonner de mortifier la chair ici bas, et la faire participer ensuite à la félicité éternelle, c’est une singulière inconséquence. Si les délices du séjour céleste sont toutes spirituelles, la chair n’en sera nullement gratifiée ; pour la satisfaire, il faudrait que la vie à venir des chrétiens ressemblât au ciel d’Indras ou au paradis de Mahomet.

47.

La vue mortelle ne saurait fixer le disque radieux du soleil que momentanément. Cette splendeur ineffable nous éblouit, nous terrasse. Mais l’œil repose avec délices sur les teintes douces et variées à l’infini de l’arc-en-ciel, lequel cependant n’est autre chose que la lumière du soleil, dispersée par le prisme des vapeurs et, pour ainsi dire, ombrée par son alliage avec l’atmosphère terrestre. Quel mal y a-t-il à cela ? Pourquoi condamnez-vous donc si fort le polythéisme ? pourriez-vous imaginer que le soleil fût jaloux de l’arc-en-ciel ?

48.

Quelques écrivains de nos jours ont essayé de remettre en vogue la division du genre humain en chrétiens et