Page:Schlegel - Œuvres écrites en français, t. 1, éd. Böcking, 1846.djvu/265

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En revanche l’évangéliste rapporte deux miracles également remarquables, par la place qu’ils occupent dans l’ordre du temps, et par leur nature, dont néanmoins les trois autres évangélistes ne parlent point : la conversion de l’eau en vin aux noces de Cana, que saint Jean signale expressément comme le début du prophète dans la thaumaturgie ; et la résurrection de Lazare, qui semble avoir eu lieu peu de jours avant la passion.

Comment expliquer ce silence des trois premiers biographes ? Ont-ils ignoré ces miracles, ou ont-ils cru qu’il ne valait pas la peine d’en parler ? Je comprends à la rigueur l’une et l’autre de ces raisons pour les noces de Cana : les disciples n’étaient pas encore rassemblés à cette époque, et d’ailleurs cette abondance de vin pouvait déplaire aux amis de la sobriété. Mais la résurrection de Lazare, opérée dans le voisinage de Jérusalem, devant un grand nombre de témoins ? l’une des causes principales de la persécution des prêtres ? sans contredit le fait le plus étonnant dont il soit fait mention dans aucun des évangiles ?

12.

Le ministre d’état comte de Herzberg jouissait à un haut degré de la confiance et même de l’amitié de Fréderic-le-Grand. Supposons qu’une biographie de ce monarque ait été mise en circulation sous le nom de son premier ministre ; que dans ce livre le nom de Herzberg ne soit jamais articulé, mais qu’il soit toujours paraphrasé par ces mots « le ministre que le grand Frédéric chérissait ; » certes, tous les lecteurs sensés verraient là-dedans une modestie prétentieuse, et une affectation indigne d’un historien.