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Page:Schleiermacher - Discours sur la religion, trad. Rouge, 1944.djvu/154

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mier et dernier dans une œuvre[1] n’est [49] pas toujours ce qu’elle contient de plus vrai et de plus haut. Si seulement vous saviez lire entre les lignes ! Toutes, les écritures saintes sont comme les modestes publications qui naguère étaient en usage dans notre modeste patrie, et qui sous un titre insignifiant, traitaient de choses importantes. Elles n’annoncent sans doute que métaphysique et morale, et reviennent volontiers à la fin à ce qu’elles ont annoncé. Mais on attend de vous que vous fendiez cette coque. Le diamant aussi est complètement enfermé dans une vilaine gangue, mais certes pas pour y rester caché, bien plutôt pour être plus sûrement trouvé. Transformer les incroyants en prosélytes, cela a son fondement dans la nature profonde de la religion ; celui qui communique la sienne ne peut pas avoir d’autre but. Ce n’est donc en réalité pas une pieuse duperie, mais une méthode pertinente de commencer, et de paraître préoccupé, par ce pour quoi le sens réceptif est déjà prêt, afin que s’y insinue à l’occasion, sans qu’il s’en rende compte, ce pour quoi il a besoin d’être d’abord éveillé. Comme toute communication de la religion participe nécessairement de la rhétorique, c’est une façon habile de gagner les auditeurs que de l’introduire en si bonne compagnie. Cependant, ce subterfuge n’a pas seulement atteint son but, [50] il l’a dépassé, puisque à vous-mêmes, sous ce masque, la nature propre de la religion vous est demeurée cachée. C’est pourquoi le moment est venu de prendre une fois la chose par l’autre bout, et de commencer par l’opposition tranchante dans laquelle la religion se trouve par rapport à la morale et à la métaphysique. C’est là ce que je voulais. Votre conception, celle du vulgaire, m’a arrêté et retenu. Elle est écartée, j’espère. Maintenant, ne m’interrompez plus[2].

La religion, pour entrer en possession de son bien propre, renonce à toute prétention sur tout ce qui appar-

    Version B ; A disait : « d’une disposition concertée et d’un dessein supérieur ».

  1. Ces trois mots ajoutés dans C.
  2. Ce qui suit, jusqu’à la p. 82, est presque complètement remanié dans B.