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ces individuations, la science nouvelle apprend à l’homme à reconnaître la parenté, l’identité originelle des choses entre elles et de ces choses avec son moi. L’illusion, trompeuse, d’une hétérogénéité foncière, est dissipée. Schleiermacher ne dit pas que le voile de Maïa est tombé. Il dit : « L’apparence s’est dissipée, l’être est atteint », page 172. L’être, on le sent bien ici, c’est le principe infini et un dont la science étudie les manifestations infiniment diverses, dont la philosophie cherche à démontrer l’unité, dont la religion adore l’infinité et l’unité dans l’intuition qu’elle en a. C’est ainsi que la philosophie et la science romantiques prétendent ouvrir la voie et la porte du sanctuaire de la religion. Schleiermacher salue avec onction ses amis romantiques du titre de Néocores, gardiens du temple (173).

À ces considérations sur les deux directions, extérieure et intérieure, dans lesquelles peut être cherchée la voie de l’intuition religieuse, Schleiermacher en ajoute à présent de nouvelles, pages 166-169, sur le rapport entre la religion et l’art.

Il sait que ses amis voient et célèbrent dans l’art un substitut, un équivalent de la religion. C’est là un des domaines dans lesquels la doctrine de ces romantiques prête le plus à la critique. C’est en effet celui, avec le problème de l’individualisme égotiste et de la morale libertaire, où leur mystique naturiste présente les plus grands dangers sociaux. Il importe donc beaucoup de voir exactement quelle est, à cet égard, l’attitude de celui qui est parmi eux le seul théologien qualifié.

Pour s’en rendre compte, il convient de distinguer dans les idées de cet ordre deux aspects : les beaux-arts considérés comme auxiliaires du culte religieux d’une part, et d’autre part, le culte de l’art considéré comme substitut de la religion. Ce second aspect a naturellement beaucoup plus d’importance que le premier.

Sur les beaux-arts considérés comme auxiliaires du culte religieux, Schleiermacher s’exprimera, succinctement d’ailleurs, au début du discours suivant. Dans l’intérêt de la synthèse de ses idées sur ce sujet, il est opportun de mentionner ici celle qu’il esquissera, p. 181-83.

Parlant de la prédication, le pasteur déclare, page 181, que, pour être digne de son objet, l’expression et la commu-