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Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/207

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Si un matin le courrier vous apportait une lettre ne contenant qu’une feuille verte, vous ne pourriez rien en faire ; vous pourriez l’enregistrer comme un simple fait, mais il ne « signifierait » rien pour vous. Par contre, l’événement curieux aurait le caractère d’une communication, ce serait un véritable message, si la feuille était accompagnée d’une explication ou si vous aviez reçu une instruction à son sujet. Il peut s’agir d’une feuille que quelqu’un a promis de vous envoyer de son jardin, ou d’une note disant « j’ai trouvé ceci sur mon bureau » ou « veuillez observer la couleur de cette feuille » ou « c’est la couleur dont j’ai parlé hier », etc. Dans tous ces cas, l’objet lui-même entre dans le langage comme une partie de celui-ci, il a exactement la même fonction qu’une image ou une description ou tout autre signe : il est lui-même un symbole dans le symbolisme appelé « langage ». La seule particularité de ce cas est que le symbole a la plus grande ressemblance possible avec l’objet signifié.

Rien ne peut nous empêcher de rendre les signes dont nous construisons notre langage aussi semblables aux objets signifiés que nous le souhaitons ; c’est même le procédé le plus naturel, et lorsque l’esprit humain a inventé l’écriture, celle-ci était constituée de petites images (hiéroglyphes, caractères chinois). Peu à peu, on s’est aperçu que la similitude entre l’objet et le symbole est tout à fait superflue et que seules comptent la commodité et l’utilité pratique. Si, pour désigner une certaine nuance de vert, nous utilisons une petite tache de couleur avec nos mots écrits, nous utilisons la même méthode que ces anciens écrits : nous profitons de la similitude de la couleur comme ils profitaient de la similitude de la forme.

Ce serait une erreur de penser qu’en utilisant des échantillons comme symboles de la manière décrite ci-dessus, nous avons réussi à communiquer un contenu et avons évité la méthode d’expression indirecte. On peut s’en rendre compte en se référant aux arguments de la section 8, et si l’on est d’accord avec eux, on admettra qu’il n’est pas possible de dire que le lecteur de l’« écrit échantillon » aura « le même contenu » à l’esprit que celui qui l’a écrit. Bien que l’« échantillon de symbolisme » soit très utile à certaines fins, on ne peut pas dire qu’il soit à tous égards le langage le plus parfait, il ne remplit pas sa fonction plus correctement qu’un langage verbal. Il ne fait aucun doute, par exemple, qu’une description scientifique d’une couleur en termes de longueurs d’onde et d’autres données physiques (y compris, peut-être, l’état physiologique de