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Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/286

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La philosophie n’est pas seulement, comme le disait un grand railleur, « le mésusage d’une terminologie spécialement inventée à cet effet », au contraire on peut tout aussi bien considérer qu’elle n’a pas besoin de termes artificiels particuliers. Elle peut, comme nous l’apprend l’exemple des plus grands penseurs, exprimer les vérités les plus profondes avec les mots ordinaires du langage familier — mais aussi, comme le montrent d’autres exemples, utiliser ces mêmes mots ordinaires pour les spéculations les plus audacieuses et les bavardages les plus insensés. Que n’a-t-on pas fait de l’innocent verbe « être » depuis l’époque des Éléates ! Ainsi, les mots les plus anodins de l’usage quotidien ont un destin philosophique mouvementé.

Lorsque, dans le langage ordinaire, on parle d’un « tout » par opposition à ses « parties », il n’y a généralement aucune ambiguïté ; mais lorsque, comme c’était déjà le cas chez Aristote, ces termes sont utilisés pour formuler une idée fondamentale d’un système philosophique, une grave problématique se pose. Elle reste irrésolue tant que l’on ne se rend pas compte, jusque dans les moindres détails, de la manière dont on veut vraiment utiliser les mots. En effet, en passant du quotidien au théorique et au général, on a introduit un nouvel usage de termes qui ne pourront être utilisés sans ambiguïté ni contradiction que si l’on s’est parfaitement mis d’accord sur leur signification, c’est-à-dire sur les règles de leur utilisation.

Le σύνολον d’Aristote est devenu le « tout » ou la « totalité » des écrivains philosophiques modernes. Ils ont sans cesse ces mots (ou d’autres de signification similaire) à la bouche et pensent ainsi être sur la voie de la résolution des plus grands problèmes. La « totalité » est presque devenue un mot magique dont on espère qu’il nous libérera de toutes les difficultés.

Trois questions fondamentales en particulier sont censées être résolues à l’aide de ce