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Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/46

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quitter leur domaine propre ; mais elles deviennent impossibles et dénuées de sens si elles veulent s’aventurer dans une sphère entièrement nouvelle. En d’autres termes, toute extension inductive de la connaissance qui part des sciences reste nécessairement à l’intérieur des sciences, ne conduit jamais à quelque chose de totalement nouveau et de différent, donc jamais à une métaphysique. Si l’induction est étendue au-delà de ses limites autorisées, une telle extrapolation ne conduit jamais qu’à des propositions générales qui, par nature, ont un caractère scientifique. Elles peuvent tout au plus être fausses, mais elles ne peuvent pas être métaphysiques, c’est-à-dire appartenir à un domaine qui se situe en principe au-delà de toute science. Nous voyons donc que la connaissance inductive d’un « transcendant » au sens du mot ici critiqué est impossible, et un philosophe de la métaphysique inductive ne pourrait maintenir l’affirmation de sa possibilité que s’il voulait changer le sens des mots et comprendre par transcendance non pas le dépassement des limites que la nature même de la science lui impose, mais le dépassement des limites dans lesquelles elle est chaque fois enfermée par l’état accidentel de la recherche. Mais alors le mot métaphysique, en tant que science de la transcendance, ne signifierait pas une discipline fondamentalement délimitée par rapport aux sciences particulières ou devant être nettement séparée d’elles, mais la métaphysique ne représenterait que le concept des hypothèses les plus générales, qui sont certes établies sur la base des expériences vécues, mais sur la justesse desquelles la science doit s’abstenir de s’exprimer à l’heure actuelle.

Mais quelqu’un voudrait-il sérieusement définir la métaphysique de telle sorte que cette sphère d’incertitude, ce royaume des hypothèses incertaines devienne son véritable domaine ? La métaphysique ne serait alors rien d’autre qu’un charlatan qui prétendrait nous offrir les fruits de la vérité à partir de branches que le bras de la science n’atteint pas encore. Mais la science, en grandissant, aurait accès à des branches de plus en plus élevées, et il s’avérerait alors assez souvent que les fruits offerts par la métaphysique n’étaient pas les vrais, qu’elle nous a trompés avec des fruits immatures d’origine étrangère. Elle offrirait un spectacle déplorable. Il serait bien sûr possible de concevoir la métaphysique de cette façon, comme l’ensemble des