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Page:Schlick - Gesammelte Aufsätze (1926 - 1936), 1938.djvu/49

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un corps, je deviens directement conscient de la « véritable nature » de la substance. — Cela suffit pour les exemples. Ils montrent tous que l’aspiration de la métaphysique est en fait toujours dirigée vers l’intuition de la transcendance.

Et qu’en est-il du caractère réalisable de cette aspiration, de la possibilité de cette « connaissance » métaphysique ? Eh bien, puisque l’intuition est une expérience vécue et que le contenu d’une expérience est précisément un contenu de conscience, c’est-à-dire, par définition, quelque chose d’immanent, il s’ensuit que la « connaissance intuitive du transcendant » est un non-sens, une association de mots contradictoire. L’intuition est par essence limitée à l’immanent (et elle n’est pas une connaissance de l’immanent). La réalité transcendante ne peut pas être expérimentée, elle n’est transcendante que dans la mesure où elle n’est pas expérimentée ; c’est d’ailleurs sa définition. Celui qui affirme, par exemple, avec le volontarisme, que la nature métaphysique de l’être transcendant est la volonté, — celui-là dit en réalité : si ce qui n’est pas vécu était vécu, ce serait la volonté — et il dit ainsi également un non-sens, car l’hypothèse contient une auto-contradiction. De plus, celui qui dit, par exemple, comme le fait le spiritualisme ou le psychomonisme, que métaphysiquement la transcendance est de nature psychique, dit en vérité que si la transcendance n’était pas transcendante mais immanente, elle serait un contenu de conscience — et ceci est en partie une contradiction, en partie une tautologie. (Mais si l’on veut dire par l’affirmation spiritualiste qu’il n’y a pas du tout d’être transcendant, que tout ce qui est réel est immanent, que seules existent les consciences et leurs contenus (Berkeley) — cette affirmation, si elle a un sens, fait partie de celles mentionnées plus haut, dont le sens ne peut en tout cas pas être donné, exprimé, toute parole à ce sujet serait un son vide).

Et à cela s’ajoute la deuxième contradiction. En effet, en supposant que l’impossible soit devenu possible, que le métaphysicien ait vu l’invisible, il croit maintenant pouvoir représenter son expérience par des mots et des concepts (sinon, pourquoi écrit-il ses livres ?) — et nous savons déjà que cela signifie qu’il désire exprimer ce qui est en principe inexprimable. D’après ce que nous avons dit précédemment, cette traduction en mots et en symboles devrait faire disparaître ce qui était spécifique à l’expérience, seules les relations formelles subsisteraient et ne seraient lisibles qu’à partir des symboles.