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LES AUTORITÉS MODERNES DE LA DOCTRINE

de Bonaparte 1. Mais Quatremère a compris que l’esthétique et l’art du xixe siècle ne pouvaient se modeler exclusivement sur l’antique : l’esprit, les mœurs, la civilisation tout entière a changé ; et, pour la forme artistique, l’antiquité ne nous a guère laissé que des sculptures 2. Surtout en face de la poussée d’esprit moderne dont la querelle des anciens et des modernes a été le premier symptôme et dont le Romantisme est le suprême effort il faut atténuer l’anachronisme trop paradoxal où David s’est tenu. Mais dans quel pays, à quelle époque, chercher les œuvres qui apporteront à notre système un surcroît de preuves, à notre art un surcroît d’exemples ?

Dans les écoles septentrionales ? Quatremère, avec tout le pur classicisme, n’apour elles que répugnance. Gros, Gérard, Ingres, Girodet se contentent de prendre des sujets à Ossian Pas un modèle à emprunter à l’Ecole anglaise. Lorsqu’en 1788 il visite Londres, il a beau fréquenter quelques artistes, vivre dans un milieu pénétré de l’enseignement de Gainsborough, qui meurt cette année-là, et de Reynolds qui va disparaître en 1792, il ne regarde que l’église Saint-Paul, le chef-d’œuvre de Wren, réminiscence glacée de Saint-Pierre du Vatican 4. Non seulement il ne prête aucune attention à cette première école anglaise, qui est une « école du modèle )), qui cultive le portrait et se souvient de Rubens, mais il est convaincu, avec nos critiques de la Révolution et de l’Empire, que l’Angleterre sera toujours médiocre dans les arts du dessin 5. De 1788 à 1791 il constate simplement une révolu-

1. Delécluze, Louis David, son école et son temps, i858. Voir, dans J. David, Louis David, p. 653, l’analyse des livres de croquis rapportés d’Italie et doni deux sont au Louvre. 2. Quatremère, tous les classiques de la Révolution et de l’Empire, ont la passion des peintures des vases grecs, mais n’y cherchent encore que le dessin sculptural ou la pureté du trait. 3. Gros, Malvina, i8io ; Gérard, Ossian, i8io ; Ingres, Le Songe d’Ossian Girodet, Fingal et Ossian, 1802. 4. Cinquième Lettre sur les Déplacements des objets d’art de l’Italie, édit 1836, p. 243. 5. Considérât, sur les arts du dessin, 1791, p. 65. — Cf. la même opinior dans la Décade Philosopliique, an VIII, t. XXVI, p. 5o4, à propos des peintra anglais à l’Exposition de 1800. Elle est universelle alors en France.