Page:Schoebel - Étude sur le rituel du respect social dans l’état brahmanique.djvu/18

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nourrir, « qui nourrit les dieux » par le sacrifice[1], mais il concerne aussi les autres deux fois nés ou dvidjas, ce que le commentaire exprime par le mot âdi, ajouté au mot vipra : विप्रादिर्. C’est un composé possessif ou bahuvrîhi qui veut dire : les ordres sociaux à la tête desquels marche le brâhmane[2]. C’est ainsi, que le sanskrit, par la faculté de composition qu’il possède au degré le plus éminent, s’est acquis le droit d’être d’une concision extrême et de se passer de la syntaxe proprement dite. Nous y reviendrons.

Quant à notre texte, il n’a rien d’obscur. Cependant il a suscité de longs commentaires. Mêdhâtithi et Gôvindarâdja veulent que le mot nâma (nom) soit employé dans la formule, वाक्ये, du salut, immédiatement après le prononcé du nom propre. Kullûka rejette celle interprétation comme dépourvue d’autorité, अप्रमाणं, car, dit-il, le mot nâma a pour destination de désigner le nom particulier. — Un autre légiste, Gôtama, veut qu’on dise : « Je (te) salue अहमभिवादये, après qu’on a prononcé son propre nom. Notre texte dit tout le contraire ; c’est après le salut परम् अभिवादयन् qu’il veut qu’on dise son nom. — Enfin, Sânkhyâyana opine ainsi : « Qu’il

  1. Le sacrifice, dit le Véda, est la nourriture des dieux यज्ञो देवानाम न्नम्. Déjà dans l’âge védique ou considérait les prêtres comme les pères des dieux. (Cf. R.-Véda, V, 1. h. 14). Voy. aussi Manu, IX, 316. — Une Upanischad du Yadjus noir, la Mahânârâyana-Up., XII, 4, établit la filiation divine des Vipras par l’intermédiaire des Kavis, les chantres antiques ou patriarches. (Voy. Bhag.-Gitâ, X, 37 XVIII, 2). Les Kavis paraissent être identiquement les mêmes personnes que les Rishis, poëtes inspirés ou les sages. Dans le çl. 9, lect. VIII de la Bhag.-Gitâ, le mot Kavi désigne même l’Esprit suprême comme instituteur des hommes. (Cf. Mahânârâyana-Up., XIII, 6).
  2. Voy. Bopp, Krit. Gramm. des Sansk.-Spr., § 598.