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de détermination psychique et, à vrai dire, volontaire de l’homme. L’homme, arrivé à un certain moment de son évolution, a voulu être démiurge ; il a voulu être semblable à la fonction souveraine de la nature ; il a voulu créer et, par suite, s’adorer lui-même ou s’adorer dans son œuvre. C’est, du reste, ce qu’il veut encore et toujours, quels que soient les déguisements sous lesquels la réflexion et les convenances le poussent à cacher cette infirmité héréditaire. Le caractère profondément anthropomorphique de toutes les religions le démontre sans réplique. Toujours et partout l’homme adore un dieu fait à son image et à sa ressemblance. La morale seule est divine, mais personne ne la suit.

Pourquoi ? Dirons-nous avec l’Écriture que c’est parce que tout homme est menteur : πᾶς ἄνθρωπος ψεύστης[1] ? Nous n’y contredisons pas ; bien au contraire : pourvu toutefois qu’il soit entendu que notre état de menteur est en principe inconscient et involontaire. Il est inconscient, parce que la nature dont nous relevons et dont nous sommes l’ouvrage est inconsciente ; il est involontaire, parce que la morale

  1. Psalm. cxv, 11 ; Epist. ad Romanos, III, 4.