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Page:Schoebel - Le Mythe de la femme et du serpent.djvu/34

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sociale, une sorte de soupape de sécurité publique. N’en avons-nous pas aussi ?

Maintenant, si de tout cela il résulte que la nature particulière de la pudeur est un fait constant, il doit y avoir dans ses origines un motif qui l’explique, un motif sui generis ; et comme elle s’impose à tout le monde, avec cette circonstance caractéristique que quand nous commençons à ressentir son atteinte nous sortons à peine de l’âge de l’enfance, il est permis d’inférer par raison d’analogie que l’apparition de la pudeur parmi les hommes doit remonter au berceau de la société, ou du moins à l’époque de l’organisation sociale des races méditerranéennes. Car remarquons que toutes les races ne connaissent pas, originellement, les phénomènes psychologiques dont nous traitons ici, que beaucoup de peuples n’ont appris à connaître la honte et la pudeur sexuelles qu’ensuite de leur contact avec la race blanche. C’est là le cas de tous les peuples dont les croyances sont, en principe, purement cosmiques, c’est-à-dire libres de tout élément surnaturel, comme par exemple le dravidisme, le bouddhisme primitif[1]. Il en est ainsi encore, les voyageurs les plus dignes de foi nous l’assurent, chez beaucoup de tribus nègres et négritos, où l’entière nudité est le fait des femmes plutôt que celui des hommes. Tandis que les hommes, dans certains pays du

    France, p. 301 et suiv.) Rien de semblable ne s’est jamais vu en public chez les anciens, ni même chez les nègres, chez lesquels la nudité entière est moins contraire à la chasteté que nos pantalons. (Speke, Voyage aux sources du Nil, p. 294, tr. fr.)

  1. V. mon ouvrage Le Buddhisme, où j’expose les raisons de l’existence primordiale du bouddhisme indien, réformé dans les temps historiques par Çâkhya-Muni.