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Page:Schoebel - Le Mythe de la femme et du serpent.djvu/50

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Bruxelles conserve précieusement son Manneken-Piss, dont quelques écrivains plus pieux qu’instruits veulent faire un petit duc de Brabant du XIIe siècle[1]. Mais les femmes stériles protestent en cherchant à se rendre favorable le démon par des offrandes de fleurs, tandis que leurs sœurs allemandes tendent au même but en s’asseyant sur le phallus de Frey[2], comme jadis les femmes en Égypte s’asseyaient sur un bouc en bronze et les jeunes filles romaines sur Mutinus[3]. Des pratiques identiques, nous dit Lucien, avaient lieu aussi en Orient. Au fond de tous ces procédés, il y a l’idée de la virtu generativa, et non une pensée immorale à n’importe quel titre. C’est ainsi que Callimaque nous montre le phallus érigé dans la partie la plus centrale des maisons, non pour exciter, mais pour intimider les jeunes filles[4]. Chez les Romains, il apparaît, nous l’avons déjà dit, sous le nom de Fascinus, mot qui signifie « charmeur[5] ». C’est un démon qui, comme le Nâga ou serpent chez les Indiens et l’ἀγαθοδαίμων des Grecs, a sa place sous l’autel domestique[6], et s’élance des cendres du foyer des pitris ou ancêtres dans le sein de la femme. C’est de la sorte

  1. Collin de Plancy, Hist. d’un petit duc de Brabant ; Émile Dunart, Hist. de Manneken-Piss.
  2. Holtzmann, Deutsche Mythologie, p. 110.
  3. Mutinus (Mutunus) in cujus sinu pudendo nubentes præsident.(Lactant., I. 20, 36.)
  4. Callimaque, Hymne à Diane, 63 : ὁ δὲ δώματος κτλ.
  5. Fascinum = Βασκάνιον, charme. (V. Auli Gellii Noctes Atticæ, XII, 12, 4.)
  6. Om ! o you serpents… enter under this Vedi, and stay in this house… (The Vâstu Yâga, dans le Journal of the Asiatic Society of Bengal, XXXIX, p. 209.)