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Page:Schoebel - Le Mythe de la femme et du serpent.djvu/93

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première fondatrice avoit corps féminin jusques aux boursavits, et que le reste en bas estoit andouille serpentine, ou bien serpent andouillique[1]. » D’ailleurs aujourd’hui encore, il y a dans la petite ville de Lusignan, « moult esbahie » d’avoir eu pour dame « la figure d’une serpente », une rue qui s’appelle, en souvenir de la femme du comte Raimondin, « rue Serpente ».

Cependant, laissons là le mythe facile et inépuisable du serpent, et essayons d’expliquer ce qu’il en est de l’arbre de vie, chetz ha chaîim, qui, comme l’arbre de la connaissance du bien et du mal, est placé au milieu du jardin. Dans le conte du Bundehesh aussi il est parlé de deux arbres qui s’avoisinent : le harviçptokhma et le gaokerena[2]. Le premier, qui contient toute semence, pourrait passer pour un symbole phallique, tandis que l’autre, qui est pour éloigner la douloureuse vieillesse et pour servir à l’obtention de l’immortalité, serait l’arbre de vie de l’enclos biblique. Le Véda le nomme divo vṛikshaḥ, l’arbre céleste, et la Kâthaka-upanishat la désigne par amṛita, immortalité[3].

L’étude comparative nous montre ainsi que les interprètes qui ont pensé que les deux arbres du document mosaïque sont identiques et qui lisent le texte : lignum vitæ seu lignum scientiæ boni et mali[4], se trompent. Il y a deux arbres différents. Cela est d’ailleurs évident par ce que dit Elohim en éloignant Adam et Ève, après qu’ils eurent consommé leur action, de l’arbre de vie, afin,

  1. Pantagruel, IV, 38.
  2. Le Bundehesh, IX, XVIII, ed. Justi.
  3. Rig-Véda, I, 164 ; Kâthaka-up., VI, 1.
  4. D. Calmet, Comment. sur la Genèse, p. 81, ed. 1715, in-4.