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bilic qui effectue la communication entre l’enfant et la mère jusqu’à la naissance de l’enfant. À ce moment, la tige ombilicale, l’arbre de la vie première, disparaît ; l’homme respire par d’autres voies, par des voies personnelles, pour m’exprimer ainsi, et il ne reste de la première, dit un physiologiste, qu’une marque comme d’une bourse dont on aurait tiré les cordons. Mais cette marque demeure ineffaçable, et, continuant le premier mythe, elle nous fait comprendre comment et pourquoi tous les peuples primitifs voient chez eux le centre de la terre mère, de leur terre natale à chacun. C’est chez eux que les Indiens placent, au milieu de la demeure par excellence, la demeure de Yama, le séjour des heureux : madhye divaḥ svadhayâ mûdayante[1]. C’est dans l’Irân, le milieu de la terre, qu’est, chez les Perses, le séjour de Yima et des siens[2], L’ombilic de la Grèce, Delphes, était l’endroit où se concentrait la vie morale et religieuse de la nation. Au rapport de Strabon, Delphes passait pour être placée in medio totius terrarum orbis[3] ; elle en est pour ainsi dire la matrice (δελφύς, garbha), et une médaille, décrite par Bröndsted[4], vient appuyer un sentiment déjà fortement exprimé par Pindare[5]. Aux yeux des Tibétains, c’est dans leur pays qu’est situé le nombril du monde, gsaji-lte, et sans doute que les Égyptiens pensaient qu’il en était de même du leur, car Amon, leur dieu principal pendant une longue période de leur his-

  1. Rig-Véda, X, h. 15, st. 14.
  2. Vendidad, II, 97 sqq. ; Anquetil, Zend-Avesta, II, 409, note 1.
  3. Strab., IX, 3, 6.
  4. Bröndsted, Voyage dans la Grèce, p. 130, in-fol.
  5. Pind., Pyth., IV, 6.