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Page:Schoebel - Le Naturalisme du Rig-Veda et son influence sur la sur la société indienne.djvu/10

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le créateur et le chef, comme Jéhovah l’est à l’égard des Élohim. À un être d’une si haute spiritualité, il fallait un culte analogue et qui reposât sur la pureté et la sainteté, « Le Seigneur, dit l’Avesta, doit être vénéré par tout acte de pureté, et ceux-là seuls dont les pensées sont pures, la langue juste et la conduite conforme à la vérité, peuvent se flatter de lui plaire[1]. Un acte d’impureté, tel que, par exemple, avoir commerce avec une femme malgré elle, est un crime si grand qu’on ne peut l’expier[2]. Ainsi la doctrine zende dénote une vie morale très-développée, une vie où le spiritualisme occupe une place prépondérante, et c’est par là qu’elle tranche d’une manière saillante sur les croyances toutes sensuelles du védisme.

Les Aryas de l’Inde, sans tomber dans le fétichisme proprement dit, ne reconnurent jamais comme dieux que ce qui est visible ou palpable. Leur entendement se refusait à admettre un dieu invisible, ou, pour mieux dire, ils ne concevaient l’invisible que comme une chose malfaisante, de manière que l’idée de l’invisible et le phénomène des ténèbres, dont ils demandaient instamment à être délivrés comme d’un être diabolique, s’exprimaient par un seul et même mot[3]. C’est cette prière et celle qui demande d’abondantes provisions, de bons pâturages, des vaches robustes et fécondes, de superbes chevaux, de riches récoltes, de l’or, de l’opulence, une fortune large, grande et solide, la santé, la force physique, la beauté, une vigueur toujours nouvelle, de la famille, une race vigoureuse, une longue vieillesse, la sécurité matérielle, la renommée et la gloire, ce sont, dis-je, des prières de cette nature et non celles qui dénotent une croyance suprasensible, la spiritualité de l’âme, par exemple, ou la précellence de la vertu morale, qui remplissent le fameux Rig-Véda depuis la première page jusqu’à la dernière. Certains passages, à la vérité, contiennent quelque chose comme l’indice d’une autre vie ; mais ils sont si clair-semés que je suis porté à les considérer comme interpolés par les prêtres de l’âge suivant. M. Langlois signale un hymne entier[4] comme ne faisant pas partie du Véd

  1. Les Perses, rapporte Strabon, « dicunt deum nihil velle, præter hostiæ animam (Strab., loc. cit.). »
  2. Voy. Anq.-Dup., Vendidad-sadé, ch. vii.
  3. Rig-Véda, sect. ii, lect. v, hym. viii.
  4. Voy. Rig-Véda, viii, iv, v, l’hymne à Pourousha.