Page:Schoebel - Le Naturalisme du Rig-Veda et son influence sur la sur la société indienne.djvu/13

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parce qu’il est étranger à l’Arya[1], parce qu’il n’allume pas le feu du sacrifice ; il est hôte incommode (hostis, hospes), Dasyou, voleur brigand, a L’impie Dasyou, ennemi des dieux, suit d’autres lois que nous : il hait les enfants de Manou[2]. Ô Indra ! lance ton trait sur le Dasyou ![3] En faveur de Manou, Indra a soumis les impies à l’obéissance ; il a donné la mort à l’ennemi qui a la peau noire[4] ! »

Telle est, je pense, l’origine de la croyance aux troupes rougeâtres et terribles des Pisâtchas, altérés de sang, et de ces méchants Rakshasas, qui rôdent la nuit et se nourrissent de la mort des Aryas. L’imagination des Hindous en peuple encore aujourd’hui les forêts et les montagnes, et ils redoutent leurs attaques comme aux temps védiques[5].

Enfin veut-on « connaître quel est ce mal et ce crime, contre lesquels les chantres sacrés implorent le secours de Soûrya (soleil) et des autres dieux ? C’est la pauvreté, la mort ou bien la maladie, la jaunisse, la fièvre, la lèpre, ou bien encore l’ennemi. Voilà le mal qui rongeait leur cœur, faisait pâlir leur visage, les consumait de soif ou détruisait leur fortune ; c’est de lui qu’ils demandent à être délivrés, et nullement du mal moral : « Préviens le crime que Nirriti[6] prépare contre nous ; détourne sa face[7]. Terrassez Nirriti ; chassez le mal attaché à nos corps[8]. On l’appelle Graki, qui saisit de ses griffes[9]. » Un autre génie malfaisant s’appelle Yâtoumâvân ; c’est le malheur qui renverse l’opulence et la belle race des enfants et des serviteurs[10]. Un troisième, c’est Âghâ, qui trouble l’esprit des combattants[11]. Le mal, c’est encore l’obscurité, les ténèbres de la nuit, parce qu’elles sont invisibles et qu’elles couvrent les Rakshasas et les Rakshasîs,

  1. Rig-Véda, v, ii, iii, 7.
  2. Rig-Véda, vi, v, in, 11.
  3. Rig-Véda, iv, vii, ix.
  4. Rig-Véda, ii, i, ix, 8.
  5. Voy. Jacquemont, journal, iii, 171.
  6. Le génie de la maladie. Voy. le Comment. de Séyanâchârya, éd. Muller, i, p. 247, 377 seq., et alibi.
  7. Rig-Véda, iv, ii, v.
  8. Rig-Véda, v, i, xiii.
  9. Rig-Véda, viii, viii, xix.
  10. Rig-Véda, v, i, xv, 5.
  11. Rig-Véda, viii, v, ix.