Page:Schoelcher, Protestations des citoyens français nègres et mulâtres contre des accusations calomnieuses, De Soye et Cie, 1851.djvu/37

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matie que nous revendiquons ; vous n’êtes point nos égaux ; le ministre des colonies a proclamé que votre émancipation avait été une imprudence, que vous étiez des malheureux dignes de pitié, sans notion exacte du bien et du mal, et auxquels il fallait apprendre que l’inceste, l’adultère, l’incendie et le vol sont des crimes. » Le fait est que jamais les organes les plus exaltés des anciens maîtres n’ont lancé aux nouveaux libres d’insultes aussi poignantes, aussi bien faites pour exaspérer leur indignation ; jamais ils n’ont tenu contre eux un langage à la fois plus méprisant et plus imprudent. Certes, leur polémique est d’une violence extrême, mais il leur serait impossible de surexciter autant les passions que M. le ministre des colonies, par les injures adressées du haut de la tribune à la classe tout entière des émancipés. Par bonheur, l’admirable bon sens des noirs suffira pour en faire justice.

Nous ne mettons dans ces réflexions aucune animosité contre M. le ministre de la marine et des colonies, nous avons seulement voulu montrer combien les autorités, dont les rapports peuvent lui donner de pareilles idées, sont hostiles aux classes qu’elles présentent sous un jour aussi faux qu’odieux.