Page:Scholl - Fruits défendus, 1888.djvu/16

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moins âgée qui se dirigeaient vers le vestibule en pleurant à chaudes larmes.

— Qu’avez-vous donc à pleurer ? demanda-t-il en italien. On vous payera votre vin et vos jambons…

— Oh ! ce n’est pas cela, signor, répondit la femme en sanglotant, les Français sont les amis de l’Italie… Mais, quand les Autrichiens sont venus jusqu’ici, nous sommes partis à la hâte, comme tous les gens du pays… Seulement, ils ne quittaient que leurs maisons, et nous…

— Eh bien ?

— Nous laissions en haut notre fille, qui est morte hier matin à dix heures !…

— En avant, marche ! commanda le capitaine.

Et le chirurgien, pâle, chancelant, épouvanté, rallia la petite troupe sans oser jeter un dernier regard sur la maison funèbre où il avait violé la mort.


Aurélien Scholl.



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