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Page:Schoonbroodt - Le retour de la petite bourgeoise, 1916.djvu/17

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Tartarin Brayant et sa digne épouse sortent enfin de la charcuterie du Cochon d’Or et descendent maintenant la rue Grétry, où perche en célibataire l’honorable Spielweg. La pluie tombe fine et serrée inlassablement. Les trottoirs suintent l’humidité. Celle-ci se colle aux vêtements. Ce temps déplorable rend les âmes mélancoliques.

Madame Brayant (vinaigre). — Eh bien, vous en avez fait une belle, vous, Monsieur Brayant. Inviter ce gros charcutier à nous accompagner, nous des pharmaciens… En voilà des connaissances à montrer aux Parisiens. C’est que cet homme aurait bien eu le toupet de vous prendre au mot…

Monsieur Brayant. — Mais, Maria, tu comprends bien que ce n’est pas pour des gens comme les Spielweg qu’on organise des trains de plaisir pour Paris. Cinquante francs, dit-on, tout compris, mais il reste les plaisirs, les théâtres et les cafés chantants qui coûtent les yeux de la tête. Tout le monde ne peut pas se payer de petits déplacements pareils.

Le couple stoppe soudain au coin du pont de Longdoz.

Monsieur Brayant. — À propos, où allons-nous, maintenant ?

Madame Brayant. — Toi, tu vas à l’Agence pour dégager nos coupons. Moi, je vais aller me laver toute.

Monsieur Brayant (absurde). — Tu vas te laver,