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Henri. — Nous allons, en effet, entrer en gare de Jeumont.

Monsieur Spielweg. — Mais alors, nous allons la voir, la rive étrangère ?

René. — Mais on la voit, monsieur, ou plutôt on la devine. Tout droit devant vous, dans l’obscurité.

M. Spielweg regarde un instant, sans mot dire, puis son visage change progressivement et se calme. Alors il se rassoit lentement.

Monsieur Spielweg (sincère). — Eh bien, vrai… mais j’aurais cru que ça allait me faire un effet… un effet. Eh bien, s’il faut vous le dire, ça ne m’a pas fait d’effet du tout…

Tout le monde rit. Seul Spielweg a des larmes aux yeux. C’est une désillusion.

La locomotive stoppe brutalement.

Une Voix dans la nuit. — Jeumont douane… Jeumont douane.

On se prépare à recevoir la visite des douaniers. Les hommes profitent du petit quart d’heure d’arrêt pour sauter sur le quai de la gare et marcher quelque peu, histoire de se dégourdir les jambes. Devant la porte du wagon occupé par nos amis, Marcel, le pseudo-commissaire de police, son sac de voyage à la main, fume béatement un énorme cigare. À ce moment, un gabelou lui met la main sur l’épaule.

Le Douanier. — Qu’avez-vous à déclarer ?