Page:Schoonbroodt - Une petite bourgeoise, 1916.djvu/13

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La jeune fille obéit, mais d’assez mauvaise grâce. La table rétive s’ouvre enfin, brusquement. Monsieur manque de tomber, les pieds pris dans le tapis. Madame lâche le guéridon et, dans un mouvement de recul, va donner du coude sur le tranchant de la tablette d’un buffet.

Monsieur. — Sacrée carpette, va ! Encore un peu et je tombais les quatre fers en l’air !

Madame. — Parle pour toi. Je me suis cognée et, naturellement, je me suis faite un bleu. (À sa fille.) Emerance, tu vas mettre les rallonges à la table à coulisses. Vous ferez bien tout seuls ; moi, je vais continuer ma toilette. Avec tout ça, il y a mon coude qui est mort…

Monsieur (regardant la pendule). — Sais-tu bien, Maria, qu’il est déjà le quart de deux et que c’est à trois heures que doivent venir nos invités. Dépêche-toi.

Madame sort, mais pour reparaître une seconde après dans l’entre-bâillement de la porte du salon.

Madame. — Antoine, il y a dans la pharmacerie un gamin qui va encore nous acheter pour trois cents de régulisse.

Monsieur. — J’y vais, bobonne. J’y vais. Le devoir professionnel ; on connaît cela.