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Émerance. — Mais oui, maman.

Monsieur. — Le café est d’un « tenne ». On verrait Napoléon au fond de la tasse.

Madame. — On a repassé de l’eau sur le marc de l’autre. (À Émerance.) As-tu fait ton choix, au moins ?

Émerance (oie blanche). — Lequel, donc, maman ?

Madame. — Entre Hector Ramelin et Jean Dumortier. Lequel préfères-tu ? (À son mari.) Encore un demi-sauret, Antoine ?… (À sa fille.) Tu ne réponds pas ?

Émerance (désespérante). — Mais, pourquoi veux-tu que je choisisse, maman ?

Monsieur (la bouche pleine). — Pour en faire ton prétendu, sans doute…

Émerance. — Eh bien, celui que j’aime le mieux, c’est Monsieur Jean.

Madame (qui s’attendait à tout, sinon à cet aveu). — Tu préfères Monsieur Dumortier ?

Émerance. — Oui, maman.

Madame. — Tu ne l’as pas regardé seulement…

Émerance. — Si, je l’ai regardé, et bien encore… mais par en dessous, comme papa m’avait recommandé de le faire.

Madame. — Voyons, Émerance, réfléchis. Il n’a pas seulement été poli avec toi, car pendant que tu chantais, il n’était occupé que de ce qui se passait dans la