Page:Schoonbroodt - Une petite bourgeoise, 1916.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Monsieur Brayant. — C’est encore mieux pour lui. Comptez donc ce que ce vertueux jeune homme a dû piocher pour arriver à la belle situation qu’il occupe maintenant.

Madame Dumortier. — On dit qu’il gagne cinq mille francs par mois.

Monsieur Brayant. — En effet, aujourd’hui on paie un bon chanteur plus cher qu’un général. C’est le grand art qui veut ça. Pour le grand art, ce n’est jamais assez cher. Quant à la dame qui joue le rôle de Marguerite, c’est une sainte fille, le mot n’est pas de trop. Chaque matin, on la voit qui se rend à la messe d’onze heures et demie à Saint-Denis. C’est elle, par exemple, qui se moque pas mal des francs-maçons du Conseil communal. Elle entre ouvertement par la porte de la rue Cathédrale.

Jean (à part). — À moins qu’elle ne sorte, une seconde après, par celle du Marché aux fromages… On connaît ça.

Madame Dumortier. — Elle va à la messe, cette chère petite ! Le bon Dieu la protégera !… Mais combien elle doit souffrir de devoir jouer si souvent des œuvres impies. (Changeant de ton.) Pourquoi souriez-vous, Jean, pendant que votre mère parle ?

Jean (éclatant). — Parce… parce qu’à la fin, je ne