Page:Schopenhauer - Écrivains et Style, 1905, trad. Dietrich.djvu/48

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Pour s’assurer l’attention et la sympathie durables du public, on doit écrire ou quelque chose qui a une valeur durable, ou toujours écrire quelque chose de nouveau, qui, pour cette raison même, réussira toujours moins bien.

Ce que l’adresse est à une lettre, le titre doit l’être à un livre, c’est-à-dire viser avant tout à introduire celui-ci auprès de la partie du public que son contenu peut intéresser. Aussi faut-il qu’un titre soit caractéristique, et, comme sa nature exige qu’il soit essentiellement court, il doit être concis, laconique, expressif, et résumer autant que possible le contenu du livre en un seul mot. Sont, par conséquent, mauvais, les titres prolixes, ne disant rien, louches, douteux, ou même faux et trompeurs ; ces derniers peuvent préparer au livre le même sort qu’aux lettres faussement adressées. Mais les pires sont les titres volés, c’est-à-dire ceux que portent déjà d’autres livres. D’abord, ils sont un plagiat, et ensuite la preuve la plus convaincante du manque absolu d’originalité. L’auteur qui ne possède pas assez de celle-ci pour trouver à son livre un titre nouveau, sera bien moins capable encore de lui donner un contenu nouveau. À ces titres sont apparentés les titres imités, c’est-à-dire à moitié volés : ainsi, par exemple, quand Œrstedt, longtemps après que j’eus écrit Sur la volonté dans la nature, écrivit Sur l’esprit dans la nature.

Un livre ne peut jamais être rien de plus que l’impression des idées de son auteur. La valeur de ces idées réside ou dans le fond, c’est-à-dire dans le thème sur lequel il a pensé ; ou dans la forme, autrement dit