Page:Schopenhauer - Écrivains et Style, 1905, trad. Dietrich.djvu/99

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En logique déjà on pourrait faire remarquer accessoirement, lorsqu’on étudie les jugements analytiques, qu’en réalité ils ne devraient pas apparaître dans un bon style, parce qu’ils y font un effet niais. C’est surtout le cas quand on attribue à l’individu ce qui appartient déjà à l’espèce : ainsi, par exemple, un bœuf qui avait des cornes ; un médecin, dont c’était le métier de soigner les malades, etc. Aussi ne faut-il les employer que là où une explication ou définition est nécessaire.

Les comparaisons ont une grande valeur, en ce qu’elles ramènent un rapport inconnu à un rapport connu. Les comparaisons étendues, qui ont leur point de départ dans la parabole ou dans l’allégorie, ne sont aussi que la réduction d’un rapport quelconque à sa représentation la plus simple, la plus claire et la plus saisissable. Toute formation d’idée repose même au fond sur des comparaisons, en ce qu’elle s’effectue par l’acceptation du semblable et le rejet du dissemblable dans les choses. En outre, chaque compréhension proprement dite réside finalement dans une saisie de rapports ; mais on saisira d’autant plus clairement et plus purement chaque rapport, qu’on le reconnaît dans des cas bien différents les uns des autres et entre des choses tout à fait hétérogènes. Ainsi, par exemple, tant qu’un rapport ne m’est connu que comme existant en un seul cas, je n’ai de lui qu’une connaissance individuelle, c’est-à-dire, en réalité, seulement encore une connaissance intuitive. Mais dès que je saisis le même rapport seulement dans deux cas différents, j’ai de lui une idée, c’est-à-dire une connaissance plus profonde et plus complète.