Page:Schopenhauer - Éthique, Droit et Politique, 1909, trad. Dietrich.djvu/139

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vient en tout premier lieu de l’espèce. Aussi les professeurs d’ascétisme, quand on professe celui-ci, tiennent-ils les bonnes œuvres, et plus encore les cérémonies religieuses, pour inutiles et indifférentes.

Les caprices résultant de l’instinct sexuel sont tout à fait analogues aux feux follets. Ils produisent la plus vive illusion. Qu’on les suive, ils nous conduisent dans le marécage, et s’évanouissent.

Η αλαζονεια της ηδονης
(L’illusion du plaisir).

Les illusions que nous apprêtent les désirs érotiques sont comparables à certaines statues qui, par suite de l’endroit où elles se dressent, sont destinées à n’être vues que de face ; alors elles sont belles, tandis que, de dos, elles offrent un vilain aspect. Il en est ainsi du mirage de l’amour. Tant que nous l’avons en perspective, tant que nous le voyons venir, c’est un paradis de volupté ; mais quand il est passé et que nous le contemplons par derrière, il se montre comme une chose futile, insignifiante, même répugnante.