Page:Schopenhauer - Éthique, Droit et Politique, 1909, trad. Dietrich.djvu/190

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Un homme de cette espèce ayant surpris Myson le misanthrope à rire tout seul, lui demanda pourquoi il riait : « Précisément parce que je suis seul », répondit-il.

Celui qui, avec un tempérament flegmatique, n’est qu’un imbécile, serait un fou avec un tempérament sanguin.

Les gens qui ne vont pas au théâtre ressemblent à celui qui fait sa toilette sans miroir ; mais celui-là agit plus mal encore, qui prend ses décisions sans recourir aux conseils d’un ami. Un homme peut avoir en effet en toutes choses le jugement le plus juste et le plus net, sauf dans ses propres affaires ; car ici la volonté dérange aussitôt le concept de l’intellect. Voilà pourquoi il faut consulter les autres, pour la même raison qu’un médecin, qui soigne tout le monde, ne se soigne pas lui-même, et fait appeler un confrère.

La gesticulation naturelle ordinaire qui accompagne toute conversation vive, est une langue à soi, et beaucoup plus universelle que celle des mots ; étant indépendante de ceux-ci, elle est la même chez toutes les nations, quoique chacune en fasse usage en proportion de sa vivacité. Il en est même quelques-unes, comme la nation italienne, par exemple, où elle s’augmente de certains gestes purement conventionnels qui n’ont par conséquent qu’une valeur locale.

L’usage universel de la gesticulation est analogue à celui de la logique et de la grammaire, car elle exprime simplement la forme, et non la matière de la conversation. Elle se distingue cependant de la logique et de la grammaire, en ce qu’elle se rapporte non seulement au