Page:Schopenhauer - Éthique, Droit et Politique, 1909, trad. Dietrich.djvu/22

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constitue, par plusieurs côtés, un des plus précieux trésors de la sagesse humaine. Sans doute, Schopenhauer pousse souvent bien loin l’amertume de la pensée, la méfiance à l’égard de ses semblables, le scepticisme moral ; les désillusions et les tristesses de l’existence l’avaient aigri peut-être outre mesure. Mais, en dépouillant toutes les idoles de leur éclat artificiel et trompeur, en vous mettant face à face avec la réalité, si cruelle qu’elle soit, il vous ouvre les yeux, vous désabuse, vous rend un service manifeste. La vie de l’homme devient de plus en plus une lutte sans merci, il n’y a pas à se le dissimuler, et, si l’on ne veut pas être vaincu à coup sûr, il faut pouvoir opposer à ses adversaires, sur ce terrible champ de bataille, des armes d’une trempe au moins égale à la trempe des leurs. La connaissance, dans l’acception philosophique du mot, la connaissance intégrale, inexorable, est la meilleure de ces armes.


Février 1908.
Auguste Dietrich.