Page:Schopenhauer - Aphorismes sur la sagesse dans la vie, 1880, trad. Cantacuzène.djvu/266

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mandé par tous les docteurs en sagesse avec les arguments les plus divers à l’appui. Je n’ai donc pas besoin d’en dire davantage et me contenterai de rapporter quelques maximes arabes très énergiques et peu connues : « Ce que ton ennemi ne doit pas apprendre, ne le dis pas à ton ami. » — « Faut que je garde mon secret, il est mon prisonnier ; dès que je le lâche, c’est moi qui deviens son prisonnier. » — « A l’arbre du silence pend son fruit, la tranquillité. »

43° Point d’argent mieux placé que celui dont nous nous sommes laissé voler, car il nous a immédiatement servi à acheter de la prudence.

44° Ne gardons d’animosité contre personne, autant que possible ; contentons-nous de bien noter les « procédés » de chacun, et souvenons-nous-en, pour fixer par là la valeur de chacun au moins en ce qui nous concerne, et pour régler en conséquence notre attitude et notre conduite envers les gens ; soyons toujours bien convaincus que le caractère ne change jamais : oublier un vilain trait, c’est jeter par la fenêtre de l’argent péniblement acquis. Mais, en suivant ma recommandation, on sera protégé contre la folle confiance et contre la folle amitié.

« Ni aimer ni haïr » comprend la moitié de toute sagesse ; « ne rien dire et ne rien croire, » voilà l’autre moitié. Il est vrai qu’on tournera volontiers le dos à un monde qui rend nécessaires des règles comme celles-là et comme les suivantes.

45° Montrer de la colère ou de la haine dans ses paroles ou dans ses traits est inutile, est dangereux, impru-