Page:Schopenhauer - Aphorismes sur la sagesse dans la vie, 1880, trad. Cantacuzène.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE III

DE CE QUE L’ON A


Épicure, le grand docteur en félicité, a admirablement et judicieusement divisé les besoins humains en trois classes. Premièrement, les besoins naturels et nécessaires : ce sont ceux qui, non satisfaits, produisent la douleur ; ils ne comprennent donc que le « victus » et l’ « amictus » (nourriture et vêtement). Ils sont faciles à satisfaire. — Secondement, les besoins naturels mais non nécessaires : c’est le besoin de la satisfaction sexuelle, quoique Épicure ne l’énonce pas dans le rapport de Laërce (du reste, je reproduis ici, en général, toute cette doctrine légèrement modifiée et corrigée). Ce besoin est déjà plus difficile à satisfaire. — Troisièmement, ceux qui ne sont ni naturels ni nécessaires : ce sont les besoins du luxe, de l’abondance, du faste et de l’éclat ; leur nombre est infini et leur satisfaction très difficile (voy. Diog. Laërce, l. X, ch. 27, § 149 et 127 ; — Cicéron, De fin., I, 13).