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APRIORITÉ DE LA NOTION DE CAUSALITÉ

dans les pages qui précèdent. Je montrerai tout à l’heure, dans le § 23, que la preuve établie par Kant, dans le même but, est fausse.

C’est ici le lieu de faire observer que Kant n’a pas compris ou bien a sciemment écarté, comme ne s’accordant pas avec ses vues, cette intervention de la loi intuitivement connue de la causalité dans la perception empirique. Dans la Critique de la raison pure, aux pages 367 et suivantes de la première édition seulement, il est parlé du rapport entre la causalité et la perception, et cela non dans la partie élémentaire, mais à une place où l’on ne le chercherait pas, à savoir dans le chapitre sur les paralogismes de la raison pure, là où il critique le quatrième paralogisme de psychologie transcendantale. Cette place qu’il lui assigne indique déjà, que dans l’examen de ce rapport il n’a toujours en vue que la transition du phénomène à la chose en soi, mais non pas la naissance de là perception elle-même. Aussi dit-il, dans ce passage, que l’existence d’un objet réel en dehors de nous n’est pas donnée directement dans la perception ; qu’elle peut être conçue conjointement et par conséquent conclue, comme en étant la cause extérieure. Mais, en opérant ainsi, on est à ses yeux un réaliste transcendantal, et conséquemment on est dans l’erreur. Car par objet extérieur Kant entend déjà ici l’objet en soi. L’idéaliste transcendantal, au contraire, s’en tient à la perception d’un réel empirique, c’est-à-dire existant dans l’espace en dehors de nous, sans avoir besoin de conclure avant tout à une cause de l’aperception pour lui donner de la réalité. En effet, la perception, pour