Page:Schopenhauer - De la quadruple racine, 1882, trad. Cantacuzène.djvu/143

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
126
DE LA PREMIÈRE CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET

en outre substance est identique avec matière, on peut dire : La substance, c’est l’action in abstracto ; l’accident, c’est la manière spéciale d’agir, c’est l’action in concreto. Voilà les résultats auxquels conduit le véritable idéalisme, c’est-à-dire l’idéalisme transcendantal. J’ai exposé dans mon ouvrage principal que nous ne pouvons pas arriver par la voie de la représentation à la chose en soi, c’est-à-dire à ce qui en général existe même en dehors de la représentation, mais que nous devons prendre pour cela une toute autre route, passant par l’intérieur des choses, et qui nous ouvre la forteresse pour ainsi dire par trahison.

Mais, si l’on voulait comparer l’analyse que je viens de faire, travail de bonne foi et profondément médité sur l’analyse de la perception empirique dans ses éléments qui tous se trouvent être subjectifs, si, dis-je, on voulait la comparer, ou peut-être aller jusqu’à l’identifier avec les équations algébriques de Fichte sur le moi et le non-moi, avec ses démonstrations spécieuses et sophistiques, qui ne pouvaient abuser le lecteur que grâce, au voile d’obscurité et d’absurdité qui les enveloppe, avec ses explications comment le moi résulte du non-moi, bref avec toutes ces bouffonneries de la « théorie de la science » ou, plutôt de l’ignorance[1], ce serait montrer manifestement qu’on ne veut que me chercher chicane. Je proteste contre toute communauté avec ce Fichte, comme Kant

  1. Il y a ici dans le texte allemand un jeu de mots intraduisible : au lieu de Wissenschaftslehre (doctrine de la science) Schopenhauer écrit : Wissenschaftsleere (vide ou absence de science). (Le Trad.)