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DE LA PREMIÈRE CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET

explique comme étant leur concordance avec la succession d’objets réels, ne se reconnaît uniquement que par la règle selon laquelle ces objets se succèdent, c’est-à-dire par la loi de la causalité ; donc il soutient que, par la simple perception, la relation objective entre phénomènes qui se succèdent reste entièrement indéterminée, parce qu’alors je ne perçois que la suite de mes représentations et que la suite dans mon appréhension n’autorise aucun jugement sur la suite dans l’objet, tant que mon jugement ne s’appuie pas sur la loi de la causalité ; et parce qu’en outre, dans mon appréhension, je pourrais également conduire la succession des perceptions dans un ordre tout inverse, du moment où il n’y a rien qui le détermine comme étant l’ordre objectif. Pour expliquer sa thèse, il cite l’exemple d’une maison, dont je puis considérer les parties dans l’ordre qu’il me plaira, par exemple du haut vers le bas, ou du bas vers le haut ; ici, la détermination de la succession serait uniquement subjective et ne s’appuierait sur aucun objet, car elle ne dépend que de son vouloir. Et, comme contraste, il pose la perception d’un navire descendant un fleuve, et qu’il perçoit successivement de plus en plus en aval du courant ; dans ce cas, il ne peut plus changer la perception de la succession des positions du navire ; c’est pourquoi il déduit ici l’ordre subjectif dans, son appréhension de l’ordre objectif dans le phénomène, qu’il appelle dès lors un événement (eine Begebenheit). Moi je prétends, au contraire, que les deux cas ne diffèrent nullement l’un de l’autre, que tous deux sont des événements dont la connaissance est objective,