Page:Schopenhauer - De la quadruple racine, 1882, trad. Cantacuzène.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
141
DE L’ABUS DE LA LOI DE CAUSALITÉ

souvent même quelques milliers d’années. Du reste cette théorie de Kant subsiste et s’écroule en même temps que l’autre ; seulement elle est plus facile à pénétrer ; de plus, j’ai parlé déjà ci-dessus au § 20 de l’invalidité de toute cette notion d’action réciproque.

On peut comparer ma contestation de cette démonstration de Kant avec deux attaques qu’elle a subies antérieurement, savoir de la part de Féder dans son livre De l’espace et de la causalité, § 29, et de la part de G.-E. Schulze dans sa Critique de la philosophie théorique, vol. II.

Ce n’est pas sans beaucoup d’appréhension que j’ai (1813) osé élever des objections contre une doctrine qui passe pour démontrée, qui se trouve reproduite dans les écrits les plus récents (par exemple dans Fries, Critique de la raison, vol. II), et qui est une des plus importantes de cet homme, dont j’admire et dont je vénère la profondeur d’esprit et à qui je dois tant et de si grands enseignements, que son génie peut m’adresser ces paroles d’Homère :

« ʹΑχλύν δʹ αὖ τόι ἀπʹ ὀφθϰλμῶν ἕλον, ῆ πρίν ἐπῆεν. »

§ 24. — De l’abus de la loi de causalité.

Il résulte des explications données jusqu’ici que l’on abuse de la loi de causalité toutes les fois qu’on veut l’appliquer à autre chose qu’aux changements qui se produisent dans le monde matériel et expérimentalement