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LA SECONDE CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET

sous un aspect tout différent de celui que nous avons exposé dans le précédent chapitre : savoir, comme principe de la raison suffisante de la connaissance, « principium rationis sufficientis cognoscendi ». En cette qualité, il établit que, lorsqu’un jugement doit exprimer une connaissance, il doit avoir une raison suffisante : lorsqu’il possède cette condition on lui accorde l’attribut de vrai. La vérité est donc le rapport entre un jugement et quelque chose qui en diffère et que l’on nomme son principe ou sa raison ; celle-ci, comme nous allons le voir, admet une nombreuse variété d’espèces. Mais, comme c’est toujours quelque chose sur quoi le jugement s’appuie ou se fonde, le mot allemand de Grund (fond) est très convenablement choisi. En latin et dans toutes les langues qui en dérivent, le nom de l’Erkenntnissgrund est le même que celui de la Vernunft (raison) ; les deux s’appellent « ratio, la ragione, la razon, la raison, the reason » : ce qui prouve que l’on a considéré la connaissance des principes des jugements comme la plus noble fonction de la raison, comme son occupation ϰατʹ ἐξοχήν. — Ces raisons, sur lesquelles peut se fonder un jugement, sont de quatre espèces, selon chacune desquelles la vérité qu’il renferme est également différente. Nous allons les exposer dans les quatre paragraphes qui suivent.

§ 30. — Vérité logique.

Un jugement peut avoir un autre jugement pour raison. Dans ce cas, sa vérité est une vérité logique ou formelle.