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LA SECONDE CLASSE D’OBJETS POUR LE SUJET

disserimus, conficimiis aliquid, concludimus. » Mais c’est dans le même sens que, partout et toujours, les philosophes se sont exprimés sur la raison, jusqu’à Kant, qui lui-même, du reste, la définit la faculté des principes et de l’induction, bien qu’on ne puisse se dissimuler que c’est lui qui a donné lieu aux falsifications postérieures. J’ai déjà longuement parlé, dans plusieurs de mes ouvrages, de cet accord de tous les philosophes sur cette matière ainsi que sur la véritable nature de la raison, par opposition à l’interprétation dénaturée qu’en ont donnée les professeurs de philosophie dans le siècle présent : on peut voir pour cela : Le monde comme volonté et représentation, vol. I, §. 8 et à l’Appendice, p. 577-583 de la 2e édition (p. 610-620 de la 3e éd.), puis dans le vol. II, chap. vi ; et aussi dans le Problème fondamental de la Morale, p. 148-154 (p. 146-151 de la 2e éd.[1]). Je n’ai donc pas à y revenir ; je veux seulement ajouter les remarques suivantes.

Cette faculté de penser et de délibérer, à l’aide de la réflexion et des notions abstraites, qui exige l’emploi du langage et en donne la capacité, cette faculté de laquelle dépend le recueillement humain (Besonnenheif) et avec celui-ci toutes les productions humaines, qui a toujours été considérée de cette manière et dans ce sens par tous les peuples comme aussi par tous les philosophes, cette faculté, disons-nous, il a plu aux professeurs de philosophie de lui retirer le nom qu’elle a porté jusqu’ici et de

  1. Le fondement de la morale, traduction de M. Burdeau, p. 45-52. — Paris, 1879. Germer Baillière et Cie.