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PARERGA ET PARALIPOLENA

soi, reste entièrement inconnue ; c’est un simple x, et tout l’univers perceptible tombe dans le domaine de l’idéal, comme représentation, comme pur phénomène, mais auquel, en tant que phénomène, doit correspondre d’une façon quelconque une réalité, une chose en soi.

Enfin, à partir de ce point, j’ai fait encore un pas en avant, et je crois que ce sera le dernier ; car j’ai résolu le problème autour duquel s’agitent toutes les méditations philosophiques depuis Descartes, de façon à ramener toute existence et toute connaissance aux deux éléments de notre conscience de nous-même, c’est-à-dire jusqu’à une limite au delà de laquelle il ne peut plus y avoir de principe explicatif, car c’est le plus immédiat et, partant, le dernier. J’ai réfléchi, en effet, qu’ainsi qu’il résulte des recherches de mes prédécesseurs, telles que je viens de les exposer, le réel absolu, l’objet en soi, ne peut effectivement jamais nous être donné du dehors, par le moyen de la simple représentation, vu qu’il est de l’essence nécessaire de celle-ci de ne nous fournir jamais que l’idéal ; mais qu’au contraire, et attendu que nous sommes nous-même indubitablement du réel, nous devons pouvoir d’une manière quelconque puiser dans l’intérieur de notre propre être la connaissance du réel. Et, en effet, cette connaissance arrive là, d’une manière immédiate, à la conscience, comme volonté. En conséquence, j’ai mené la ligne de séparation entre le réel et l’idéal de manière à laisser dans la partie idéale, en tant que représentation, tout le monde visible et objectivement aperceptible, y compris le propre corps de l’être connaissant, ainsi que l’espace, et le temps et la cau-