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la pensée de schopenhauer

tement ; mais par là même aussi l’intelligibilité y diminue.

L’antique erreur dit : là où il y a Vouloir, il n’y a plus causalité, et là où il y a causalité, il n’y a pas Vouloir. Nous disons, nous : partout où il y a causalité, il y a Vouloir, et il n’y a pas de Vouloir qui agisse sans causalité. Le nœud du débat est donc de savoir si causalité et Vouloir peuvent et doivent coexister dans un seul et même phénomène. Si l’on a tant de peine à se rendre compte qu’en fait il en est ainsi incontestablement, c’est que nous connaissons la causalité et le Vouloir par deux voies absolument différentes : la causalité uniquement du dehors, de façon indirecte et par l’intellect ; le Vouloir uniquement du dedans et de façon immédiate ; de sorte que plus la connaissance de l’un, dans chaque cas donné, est claire, plus la connaissance de l’autre est obscure. C’est donc là où la causalité est le plus saisissable que nous discernons le moins la présence et la nature du Vouloir, tandis que là où le Vouloir s’atteste par des témoignages irrécusables, la causalité s’obscurcit au point que les esprits grossiers ont pu se permettre de la nier.