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Page:Schopenhauer - La Pensée, 1918, trad. Pierre Godet.djvu/169

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ii. de la nature

réduit à attendre qu’ils interviennent ; or, ici, la nourriture qui lui est nécessaire se fait plus spéciale et plus déterminée ; d’autre part, la diversité toujours croissante des phénomènes rend désormais leur mêlée si complexe qu’ils s’entravent réciproquement, et que le hasard, dont l’individu déterminé dans ses mouvements par des excitants doit attendre sa nourriture, en devient par trop improbable. Il faut donc que l’animal, sitôt qu’il a quitté l’œuf ou l’utérus maternel, où il menait une vie inconsciente et purement organique, cherche et choisisse lui-même sa nourriture. Ceci exige qu’il se meuve sous l’influence de motifs, donc qu’il acquière à cet effet la faculté de connaître, laquelle apparaît ainsi, à ce degré de l’objectivation du Vouloir, comme un instrument auxiliaire, μηχανη, indispensable à la conservation de l’individu et à la propagation de l’espèce. Elle apparaît représentée par le cerveau ou par un ganglion plus volumineux, exactement comme toute autre aspiration ou toute autre détermination du Vouloir est représentée par un organe, ou, plus précisément, figure pour la représentation sous l’aspect d’un organe. Mais alors, en même temps que cet instrument auxiliaire, cette μηχανη, d’un seul coup le monde comme représentation se trouve là,