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la pensée de schopenhauer

l’alternance de la génération et de la mort, lesquelles, vues ainsi, n’apparaissent plus, en quelque sorte, que comme le battement du pouls de ce type spécifique (ίδεα, είδος, species) à travers l’infini du temps.


Sur l’amour.

Tout amour, affectât-il les airs les plus éthérés, a sa source unique dans le besoin sexuel et n’est même rien d’autre qu’un besoin sexuel plus étroitement déterminé, spécialisé, ou encore — au sens le plus strict du mot — individualisé. Ceci posé, si l’on songe au rôle capital que joue l’amour des sexes, à tous ses degrés et sous tous aspects, non seulement au théâtre et dans les romans, mais encore dans le monde réel, où il apparaît, avec l’amour de la vie, comme le plus actif et le plus puissant de tous les mobiles ; si l’on considère qu’il ne cesse d’accaparer, au moins pour moitié, les forces et les pensées de la partie jeune de l’humanité, qu’il est le but auquel tend presque tout effort humain ; qu’il peut exercer une influence néfaste sur les affaires les plus importantes, interrompre à toute heure les occupations les plus sérieuses, mettre momentanément à l’envers les cerveaux