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vi. fragments divers

humain de ne pas vivre, comme l’animal, uniquement dans le moment présent, mais d’embrasser encore du regard le passé et l’avenir cet d’en tenir compte dans sa conduite ; d’où sa prévoyance, les soins de prudence que celle-ci lui suggère, mais aussi les soucis dont souvent elle l’accable. Par suite de sa raison plus débile la femme a moins de part que l’homme tant à ces avantages qu’à ces inconvénients. C’est un être intellectuellement myope ; son intelligence, toute intuitive, voit très nettement ce qui est à proximité ; mais les objets éloignés ne tombent pas dans le champ de sa vision. Tout ce qui est absent, tout ce qui est passé ou futur agit sur les femmes beaucoup moins fortement que sur nous.

Il ne faut nullement craindre de prendre conseil des femmes dans les circonstances difficiles, comme le faisaient les anciens Germains. Car leur façon de concevoir les choses diffère complètement de la nôtre, surtout par la faculté qu’elles ont de trouver le chemin qui mène le plus directement au but, et en général de saisir, là où nous mêmes sommes portés à voir trop loin, les données immédiates qui nous échappent précisément parce qu’elles tombent sous le sens, et auxquelles il est besoin